Comment bien protéger les jambes de son cheval?

Bande de travail « fleece »: source de surchauffe

Tous les chevaux qui portent des guêtres ou des bandages ne se blesseront pas inévitablement aux tendons. Mais : une surchauffe des tendons, renforcée par des guêtres ou des bandages, peut être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les tendons d’un cheval qui s’entraîne chauffent.

Les bandes de protection sont interdites au pays bas à partir du 1er avril 2024, que ce soit à la détente ou lors de la remise des prix. Pourquoi? A l’aune des derniers acquis de la science, il est peut-être nécessaire de réévaluer notre utilisation des guêtres et des bandes.

Des études scientifiques montreraient un coût-bénéfice négatif pour les bandes: non seulement elles ne permettraient pas une protection efficace des membres, mais leur effet serait même négatif.

Morgan Lashley, spécialiste de la médecine sportive et de la rééducation équine à l’Université d’Utrecht : « On a étudié si les bandages pouvaient prévenir une blessure de l’articulation. La réponse est non, le ruban adhésif ne fonctionne pas non plus. On ne peut stabiliser l’articulation qu’avec un plâtre, mais on ne peut pas monter à cheval avec. Si vous voulez protéger les jambes du cheval, les guêtres sont plus efficaces qu’un morceau de tissu, qui comporte également d’autres risques. »

Car le plus gros problème est que la température des jambes augmente fortement sous les bandages, ce qui a un impact négatif sur l’élasticité du tissu tendineux. La structure des fibres tendineuses se modifie, ce qui peut les endommager. Même si on refroidit les jambes immédiatement après la monte, cela ne sert à rien. Lashley : « C’est comme si on mettait le feu à sa maison et qu’on l’éteignait ensuite. Les dégâts sont déjà causés. »

Elle souligne également les problèmes qui peuvent survenir si les bandes ne sont pas correctement appliqués. « S’ils sont lâches, le cheval peut s’y coincer. S’ils sont trop serrés ou si le matériau n’est pas bon, une pression peut s’exercer. J’ai même vu à l’étranger des tendons endommagés par des bandages beaucoup trop serrés. »

Les guêtres sont une alternative aux bandages. Elles protègent les jambes du cheval des chocs et des frottements, mais (bien placés) elles ne compriment pas les tendons et les ligaments. Elles sont donc moins susceptibles de provoquer des blessures.

En conclusion, les bandages ne sont pas recommandés pour la protection des tendons et des ligaments des chevaux. Les guêtres sont une alternative plus sûre (source ReiterRevue citant une publication du KNHS / Fenna Westerduin).

Points clés

Guêtre mesh Lemieux
Guêtre mesh Eskadron
  • Les bandes sont de plus en plus controversées: le coût-bénéfice serait considéré négatif (cf. études récentes)
  • Des alternatives existent: des protections de type « mesh » qui permettent d’éviter les problèmes d’augmentation des températures. De nombreuses marques proposent des guêtres « mesh » comme Lemieux, Felix Bühler, Back on Track, Harry’s Horse, Harcour, Kingsland, Eskadron, etc.
  • L’investissement initial pour les guêtres de type « mesh » (qui évitent la surchauffe) est supérieur aux bandes
  • Les guêtres « mouton » / fourrure sont un accessoire de mode plus qu’autre chose et contreproductif (problème d’augmentation de la température des tendons et des ligaments) pour le cheval, elles sont donc à éviter
  • Les guêtres à coque rigide de base, avec élastique / velcro etc. ne doivent pas être trop serrées pour ne pas impacter les tissus molles (tendons etc.) qui passent en dessous: l’inconfort pour le cheval provoquerait des compensations / mouvements non-physiologiques, avec à la longue potentiellement le risque de blessures etc. (cf. image ci-dessous)
  • Plus le flux sanguin est comprimé par des influences extérieures, c’est-à-dire perturbé (par exemple par des guêtres qui serrent out des bandes), plus le système de refroidissement interne de la jambe du cheval fonctionne mal. Le système lymphatique peut également être impacté
  • Les chevaux varient dans leur vulnérabilité par rapport aux problèmes provoqués par les différentes protections, mais il faut analyser le « coût-bénéfice » à long terme de leur utilisation pour le cheval (vs. « tout le monde en met » ou « on en a toujours mis »: on ne savait pas ce qu’on sait en 2024 🙂 )

Le bon usage des protections pour les jambes des chevaux

Guêtres à coque rigide

Quand utiliser quel type de protection ? Quels matériaux utiliser, lesquels éviter ? Peut-on faire des erreurs? Quand y a-t-il un risque de surchauffe ? Mon cheval a-t-il vraiment besoin de protections ?

En tant que cavaliers, nous voulons toujours ce qu’il y a de mieux pour notre cheval. Nous passons non seulement beaucoup de temps à monter à cheval, mais nous consacrons au moins autant de temps à le soigner, à le nourrir, à le brosser, etc.

Passage des tendons: mieux vaut ne pas trop serrer les élastiques etc. des guêtres

Nous accordons une attention particulière aux jambes des chevaux, car elles sont parmi les plus sujettes aux blessures et ont probablement déjà coûté beaucoup de nerfs à l’un ou l’autre. Il n’est donc pas étonnant que nous fassions tout notre possible pour protéger ces membres délicats.

Les bandes et les guêtres sur les jambes des chevaux sont monnaie courante chez la plupart des cavaliers et propriétaires de chevaux, mais vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passe sous la bande ou la guêtre ? Les protections pour les jambes peuvent-elles endommager les structures du pied du cheval ?

Dans cet article, nous examinerons ces questions de plus près en nous basant sur les dernières études (cf. partie sources ci-dessous). Il s’est en effet beaucoup passé ces dernières années !

Augmentation de la température et surchauffe

Les bandes et les guêtres sont généralement utilisées pour protéger les membres inférieurs du cheval pendant l’entraînement des blessures. Cependant, plusieurs études scientifiques confirment désormais qu’une telle utilisation des protections pour les jambes peut entraîner une augmentation de la température des membres, ce qui peut endommager les tendons situés en dessous.

Les membres inférieurs sont naturellement moins bien irrigués que le reste du corps, ce qui limite l’évacuation de la chaleur. De plus, les tendons sont constitués de fibres de collagène, dont la principale composante est les protéines/les protéines. Cette composition rend les tendons sensibles à la chaleur. Ainsi, à une température donnée, la structure des protéines peut changer.

En ce qui concerne l’évolution de la température dans et autour de la jambe, plus la vitesse de la allure est élevée, plus la charge est élevée et plus la température augmente dans les tendons. On a mesuré chez les chevaux de course qu’après 10 minutes de galop, la température du noyau du tendon fléchisseur superficiel peut atteindre 45 °C.

En laboratoire, on a pu constater que, sur le tissu conjonctif du cheval, après 10 minutes à 45 °C, 9 % des cellules conjonctives n’ont pas survécu. Trois degrés de plus et seulement 22 % des cellules ont survécu.

Il suffit donc de 10 minutes avec une température élevée pour modifier la structure des tendons.

Dans une autre étude, le tendon a été maintenu chaud pendant une heure. Ils ont pu mesurer que seules 27 % des cellules ont survécu à cette température élevée. On peut s’imaginer la modification dans le tissu comme un œuf à la coque, où la structure des protéines est également modifiée par la chaleur.

Il ne faut pas oublier qu’une augmentation de la température dans le corps par le mouvement est physiologique. Les jambes des chevaux sont refroidies naturellement par l’air. C’est comme un moteur qui est refroidi par l’air, si nous enlevons l’alimentation en air (comme par exemple avec des bandes), le moteur chauffe rapidement et tombe en panne !

En d’autres termes, si nous emballons les jambes des chevaux avec des bandes ou des guêtres épaisses et non respirantes, une surchauffe du tissu conjonctif se produit à chaque fois.

Les tendons ne sont pas abîmés par un usage unique d’une bande, mais si nous les utilisons quotidiennement, il existe un risque de surchauffe qui peut entraîner un affaiblissement du développement du système tendineux et ligamentaire des membres inférieurs.

Conséquences à long terme

En cas de modifications de la structure cellulaire, on peut également parler de dommages cellulaires et de microlésions, qui conduisent à long terme à la dégénérescence du tissu. Ensuite, du tissu cicatriciel se forme dans le tendon, de sorte que la structure globale devient moins extensible. À long terme, cela signifie un affaiblissement du système tendineux au lieu d’un renforcement.

Quelle protection pour les jambes des chevaux ?

Il est clair que les membres inférieurs des chevaux doivent être protégés contre les forces extérieures dans certaines situations. Mais faut-il toujours utiliser la même protection pour chaque situation ?

Des études scientifiques menées en Angleterre et aux États-Unis ont montré que les bandes en « polaire » sont les plus susceptibles de provoquer un échauffement des membres.

Elles ne laissent en effet pas passer la chaleur. De plus, les bandes présentent toujours un risque de serrage excessif et inégal. Cela peut entraîner la formation de points de pression qui peuvent limiter la circulation sanguine. De plus, il est probable que les bandes exercent une forte pression sur les os du canon. Malheureusement, on voit encore trop souvent des bandes qui sont enroulées trop haut au-dessus du carpe et trop bas au-dessous du jarret, ce qui peut limiter la mobilité des deux articulations.

D’autres protections pour les jambes qui favorisent l’échauffement sont par exemple les guêtres en néoprène. Ces guêtres ont une température moyenne de 3,5 °C supérieure à celle des guêtres perforées.

Le cuir artificiel est certes doux et confortable, mais il dégage également beaucoup de chaleur, surtout en été. Les guêtres rigides ne permettent que peu d’échange d’air.

Les guêtres qui produisent le moins de chaleur sont celles qui sont fabriquées dans un matériau léger et perforé.

La protection avant tout !

Nous recommandons d’adapter la protection des jambes à l’entraînement du jour. La règle d’or est de « faire simple » : utiliser le moins de protection possible, mais autant que nécessaire. Pour un dressage léger ou une promenade en pas, la plupart des chevaux n’ont pas besoin de protection. La protection doit être augmentée avec l’augmentation des exigences. En d’autres termes, les protections sont indispensables pour le saut par-dessus des obstacles élevés ou fermes en terrain accidenté. De même, les protections sont indispensables si le cheval se frappe à chaque pas en raison de problèmes anatomiques.

Les protections adaptés doivent donc être choisies individuellement selon le cas. La meilleure solution pour les membres du cheval est d’abord de ne pas utiliser de protection (dans les contextes ou cela est possible), puis de se demander quelle est la protection minimale nécessaire aujourd’hui (analyse coût-bénéfice positive).

Conclusion

  • Keep it simple ! : utilisez le moins de protection possible, mais autant que nécessaire.
  • La fonction avant tout ! : privilégiez les matériaux légers et respirants.
  • Minimisez la durée de port : posez les protections en dernier et retirez-le en premier.
  • Évitez la surchauffe : les bandes et les guêtres en néoprène / fleece sont les plus susceptibles de provoquer un échauffement.
  • Choisissez des guêtres adaptées à l’activité : pour le saut, privilégiez les guêtres avec une bonne protection des articulations.
  • Si vous mettez des bandes, ne le faites pas au-dessus du carpe et en dessous du jarret.

Comment prévenir les troubles des tendons

Sommaire

A propos de l’auteur | Services

Sources 

Brock, L. & Spooner,H. (2021) 28,  A comparison among equine boots and legwraps on leg surface temperature during and after exercise Journal of Equine Veterinary Science. Vol.100, 103491

Wilson & Goodship (1994) Exercise-induced hyperthermia as a possible mechanism for tendon degeneration Journal of biomechanics, Band 27, Vol 7, PP 899–901, 903–905

Yamasaki, H., Goto,M., Yoshihara, T.,(2001)  Exercise-induced superficial digital flexor tendon hyperthermia and the effect of cooling sheets on Thoroughbreds, Journal of equine Science, Band 12, Vol 3

Helle Kleven Physiotherapie

Kernkompetenz Pferd Hitzestau

ReiterRevue

Partager :