Sur l’équitation – entre corps et esprit

Quelques principes importants, méconnues ou sous-estimés.

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Le principe d’économie du mouvement

Chez tous les êtres vivants, il existe une tendance générale à économiser de l’énergie, à éviter les conflits autant que possible et à suivre le chemin de moindre résistance. Lorsqu’ils se déplacent, ils cherchent à le faire de la manière la plus agréable et confortable possible, avec le moins d’effort et d’énergie (c’est une caractéristique que partagent tous les mammifères).

L’eau cherche le moindre effort et la moindre résistance en coulant vers le bas, en passant à travers les ouvertures et en contournant les obstacles. De même, l’électricité cherche toujours le chemin de moindre résistance. Il s’agit d’une loi naturelle que l’on peut observer quotidiennement dans d’innombrables manifestations.

Dans la formation des chevaux, le Dr. Thomas Ritter (auteur d’un ouvrage sur l’équitation biomécanique) appelle cela le principe d’économie du mouvement : un cheval choisira généralement l’allure, la vitesse, la longueur des pas et la posture qui lui semblent les plus agréables dans les circonstances actuelles.

Le cheval fait toujours ce qui est le plus simple pour lui. Nuno Oliveira parle beaucoup des évasions du cheval et recommande « d’acquérir la rapidité des réflexes »: « L’homme a des reflexes plus lentes que le cheval, aussi doit-il s’exercer à avoir des reflexes plus rapides. Pour une correction à faire par exemple, l’intervention doit être rapide ».

On peut observer que les chevaux passent naturellement à une allure plus élevée lorsque l’allure actuelle devient trop fatigante. Par exemple, lorsque l’engagement des muscles du tronc et des muscles de la croupe augmente de plus en plus au pas, il finira par offrir des foulées diagonales, car elles nécessitent moins d’effort que les quatre temps du pas. Une fois que l’on a identifié les circonstances spécifiques dans lesquelles le cheval le fait, on peut l’utiliser de manière productive pour motiver le cheval à effectuer une transition au trot, des demi-temps ou des pas de piaffer.

Il existe plusieurs scénarios typiques dans lesquels il est probable que le cheval offre des foulées diagonales au pas en accélérant le postérieur qui dépasse et en maintenant l’autre plus longtemps au sol (Thomas Ritter fait cela en mettant plus de poids dans l’étrier du même côté au moment où ce postérieur -celui qu’on veut garder plus longtemps au sol- est au sol) :

  • Épaule en dedans au pas, en particulier sur des cercles ou des voltes
  • Renvers au pas, en particulier sur des cercles ou des voltes
  • 2-3 foulées de travers à gauche et à droite sans arrêt
  • Changement d’angle de 90 degrés en mouvement
  • Passade au pas (…)

Ces exemples illustrent comment le principe de l’économie du mouvement peut être exploité dans la formation des chevaux. Une fois que l’on a compris ce principe, on identifie de plus en plus d’opportunités pour l’appliquer. Il renforce la volonté de coopération du cheval, car il perçoit la leçon ou la transition que l’on souhaite monter comme une alternative plus légère et économe en énergie par rapport à l’allure ou à la posture dans laquelle il se trouve actuellement. Il choisit donc volontairement la nouvelle allure ou le nouveau mouvement. Étant donné que c’est son propre idée, l’exécution se déroule généralement très bien et le cheval reste détendu et travaille joyeusement. 

Source: Dr. Thomas Ritter klassischereitkunst.com, Antoine de Coux « Paroles du Maître Nuno Oliveira »

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Le travail avec les juments : quelles particularités?

Les jeunes juments intelligentes (mais aussi les plus âgées) peuvent parfois être un peu « spéciales ». C’est d’autant plus vrai si elles occupent un rang élevé dans leur troupeau. Car là, ce sont ELLES qui sont responsables de la sécurité du troupeau, des poulains et des animaux de rang inférieur. Savoir si elles délèguent cette responsabilité sous la selle, c’est quelque chose qui se mérite, et ces chevaux y réfléchissent très attentivement ! Cela ne se fait pas par « dominance » et certainement pas par la punition !

Cela se fait par une constance et une compétence calmes, détendues et souveraines. VOUS en tant que cavalier/humain, prenez des décisions dès le début de manière calme mais déterminée, mais vous devez aussi évaluer si ces décisions sont acceptables et justes pour le cheval. Et cela de manière très conséquente. Vous ne devrez pas faire trop d’erreurs ou d’aberrations du point de vue du cheval. Vous ne devez rien demander d’absurde, mais vous devez néanmoins pousser pour promouvoir sans saturer ou déborder. Cela commence déjà lorsque dans le travail au sol, quand on l’amène d’un point à l’autre. Qui fait attention à qui ? Qui mène ? Vous pouvez bien sûr aussi faire attention au cheval, mais plutôt du coin de l’œil ou en sentant ce qui se passe sur la longe (ou les rênes). Surtout au cours des premiers moments passés ensemble, vous prenez toutes les décisions importantes. Vous ne devez pas ignorer totalement les besoins et l’opinion de vos chevaux.

Pas par la force, mais parfois de manière énergique, toujours de manière aussi « émotionnellement neutre » que possible, mais pas insensible. Une fois que ces chevaux formidables ont développé la confiance et qu’ils vous délèguent la responsabilité, cela les aide énormément ! Elles sont “déchargées” et peuvent se détendre et se relaxer en votre présence. Lorsque la confiance et le respect sont établis vous pouvez bien sûr aussi permettre plus de proximité et laisser les chevaux décider de certaines choses eux-mêmes.

La confiance est un ingrédient essentiel de l’équitation, sans elle on constate plus de refus, plus de tensions, la décontraction devient très difficile et cette dernière est primordiale pour tout le reste (cf. l’échelle de progression). Et voir tous les chevaux rangés dans leur box individuel peut faire oublier qu’ils peuvent occuper des rôles différents dans un troupeau. C’est là qu’on va entendre des « Ca c’est X, elle est Y! (chi*nte, etc.) » et « tu ne te fais pas respecter! ».

Source: Dr. Dagmar Ciolek, auteure de « 135 Mythen der Reitkunst », traduit, adapté et complété

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