Libération myofasciale équine

Pourquoi certains ostéopathes équins, comme l’allemande Katja Eser, auteur de Checkliste Osteopathie, considèrent que la libérations myofasciale est aujourd’hui leur principal outil ? Je me suis formée chez elle pour apprendre la pratique du « Circuit des fascias KE© » qu’elle a créé. Voici quelques éléments de réponse.

Les parties accessibles en surface des fascias, ou plutôt de ce fascia unique, permettent d’agir non seulement sur ces parties mêmes, mais aussi sur les structures qui leur sont liées topographiquement et fonctionnellement. 

En ciblant les fascia, on agit sur des structures telles que les muscles, les os, les organes, les nerfs…, mais aussi des fonctions telles que la respiration, l’équilibre et la coordination (proprioception), les phénomènes douloureux (nociception), et bien sûr les schémas de mouvement et la conscience du mouvement

Grâce au « Circuit des fascia KE » développé par Katja Eser au cours des dernières années, de grandes parties de ce fascia sont influencées positivement et harmonisées manuellement. C’est parce que les fascias sont au coeur du bon fonctionnement du corps que Katja Eser dit que le « Circuit des fascia KE » est aujourd’hui son principal outil. 

Les surtensions disparaissent et les sous-tensions augmentent grâce à l’activité du fascia lui-même.

L’objectif est que l’ensemble du fascia soit dans une tension physiologique qui (ra)mène l’ensemble du corps à sa tenségrité. Ainsi, toutes les structures et tous les organes (re)prennent leur place et un meilleur fonctionnement. 

Pourquoi s’intéresser aux fascias ?

Tom Myers, l’auteur de Anatomy Trains, et considéré comme le fondateur de la pensée tenségrale appliquée au corps, définit les fascias comme ‘l’ensemble des tissus mous conjonctif collagèneux’. Selon le Dr. Rikke Schultz, les fascias sont un réseau en 3D qui soutient le corps, elles sont essentielles tant à la perception qu’au mouvement, elles sont contractiles et glissent.

Les fascias représentent l’ensemble des tissus qui enveloppent la majorité des structures du corps: muscles, nerf, os, vaisseaux sanguins. Les fascias séparent et en même temps relient toutes ces structures entre elles. Au niveau musculaire, chaque fibre est enveloppée par des fascias.

Les fascias « traversent » le muscle comme une toile d’araignée et se rejoignent à l’extrémité pour former les tendons qui attachent le muscle à l’os. La structure qui relie l’os au tendon qu’on appelle le périoste est aussi une forme de fascia, comme le sont les ligaments qui connectent les os entre eux.
Muscles et fascias forment un tout. La qualité des fascias a une grande influence sur l’apparence et la santé générale du corps. 

Selon les recherches actuelles sur les fascias, il existe exactement UN fascia qui relie entre eux tous les composants anatomiques d’un être vivant et les met en position et en mouvement conformément aux principes de la tenségrité. 

Qu’est-ce que la tenségrité ?

Le terme tenségrité est une contraction des mots tension et intégrité. Le principe de « tenségrité » décrit précisément la relation entre les tissus conjonctifs, les muscles et le squelette. Pour faire simple, c’est le principe selon lequel c’est la ‘tension qui permet la stabilité’. On sort de la conception où l’on considérait que c’est le squelette qui donne la stabilité d’un corps. C’est au contraire un réseau de fascia qui permet au corps de fonctionner comme un tout stable, dont le squelette n’est qu’une partie, qui est intégré à ce réseau. Cette définition est une simplification mais au moins on comprend en quoi cela nous intéresse ici, et en quoi les fascias et leur santé sont centraux pour la santé tout court.

Comment le principe de tenségrité nous aide-t-il à résoudre les problèmes dans le corps ?

En bref, cela signifie que lorsque nous cherchons la source d’un problème en utilisant les principes de la tenségrité, nous cherchons le long des lignes de tension dans le corps. En effet, l’endroit où le cheval ressent de la douleur n’est pas nécessairement sa source. La source de cette douleur peut être l’endroit où le corps a été « écrasé » ou « étiré » pour la première fois, ou elle peut se trouver un point faible qui ne semble pas être en rapport avec cette douleur.

Lorsqu’une partie du corps est faible ou compromise, l’ensemble de sa structure réagit pour équilibrer le problème – tout comme un pont suspendu. Il est essentiel de comprendre ce phénomène pour trouver la cause d’un problème et de ne pas se contenter d’en traiter les symptômes. C’est pourquoi il est important d’adopter une approche « corps entier », pour améliorer le taux de réussite des interventions.

Le corps de l’équidé porte son histoire – tous les stress, accidents et maladies laissent des traces et le corps s’adapte pour y faire face.

Parfois, la source de la douleur d’aujourd’hui est quelque chose qui semble n’avoir aucun rapport avec elle, qui s’est produit dans le passé. 

On ne va donc pas se contenter d’examiner l’endroit où les symptômes apparaissent, un postérieur douloureux, on recherche les lignes de tension dans le corps pour en trouver la source, qui peut être un fascia restreint autour d’un organe, afin de pouvoir résoudre le problème là où il trouve sa source.

Dans la pensée tensegrale on considère que si une zone est endommagée, cela affecte l’équilibre et la symétrie dans d’autres zones. 

La tenségrité est un modèle utile pour comprendre comment des lésions dans une zone peuvent provoquer des douleurs dans d’autres régions, même si elles ne semblent pas liées.

Ce qui explique pourquoi on utilise fréquemment la fasciathérapie pour prévenir, par exemple, les problèmes de ligaments, de tendons, d’articulations, les mouvements de compensations qui conduisent, dans un 2ème temps, à des blessures (les mauvais muscles etc. sont sursollicités), ainsi que la capacité d’entraînement et la maniabilité du cheval.

voir aussi Guérir le mental et le corps des chevaux en agissant sur les fascias

Equine Fascia & Trauma Release

Illustrations: fascialines.com Dr. Rikke Schultz et al. ; Anatomy Trains

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