Comment s’assurer que mon travail est progressif?

version provisoire du 1 mars 2025

« On est parent pour nos animaux comme nos parents étaient parents pour nous » – Comment savoir si vous demandez trop à votre animal ou si vous le surprotégez ?

Apprenez à reconnaitre un travail qui est progressif, et ni laxisme ni surentraînement ou usure. Si vous reconnaissez ces tendances chez vous, sachez qu’on est tous comme ça, il ne faut pas s’en vouloir: « do as good as you can, when you know better do better » (Maya Angelou).

Voici ce qu’il faut savoir pour développer la performance et la confiance de votre cheval tout en évitant les effets néfastes du « vouloir trop ».

Les signes indiquant que le cheval ne travaille peut-être pas assez intensément seront simplement que vous constatez:

  • peu ou pas de changement dans sa récupération post-blessure,
  • son développement musculaire / son endurance ou
  • son mouvement

(AUCUN CHANGEMENT = TROP FROID).

Les signes indiquant qu’il en fait peut-être trop peuvent être

  • une résistance accrue à l’entraînement,
  • des changements de comportement
  • des signes de douleur ou d’inconfort, exprimés dans le visage ou le corps (cf. les différents éthogrammes pour mieux identifier les comportements visibles du cheval qui peuvent indiquer qu’il est dépassé au niveau physique ou mental)
  • une boiterie
  • une mauvaise performance / baisse de la performance (y compris lorsque la performance se dégrade au cours de la même séance de travail: le cheval fait bien un exercice au début puis à un moment il ne le réussit plus)
  • de la chaleur ou un gonflement qui ne disparaît pas après 24 heures ou
  • une réponse douloureuse persistante à la palpation de la zone affectée

(CHANGEMENT NÉGATIF = TROP CHAUD). Il est important de noter que parfois aucun changement ou un changement négatif se produira s’il y a un PROBLÈME sous-jacent dans l’entrainement ou la réhabilitation et dans ces cas, une recherche vétérinaire plus approfondie est nécessaire.

  • Si le cheval développe sa musculature et / ou son endurance
  • a une meilleure amplitude de mouvement et
  • une meilleure mobilité articulaire et
  • semble heureux et disposé à travailler,

il y a de fortes chances que vous obteniez les charges « justes » (CHANGEMENT POSITIF = JUSTE CE QU’IL FAUT).


Rendre le travail progressif, c’est de décomposer l’objectif final en sous-tâches en fonction du cheval et d’ajuster le travail en fonction des résultats, réactions / performance ou difficultés du cheval.

Toujours modifier une seule variable à la fois (voire, selon le cheval, réduire le nombre de barres si j’augmente la hauteur des barres. Par. ex. 1/ pas sur une / plusieurs barres au sol => 2/ trot sur une barre au sol => 3/ trot sur 4 barres au sol => 4/ suivi de pas sur un cavaletti puis plusieurs cavaletti => 5/ suivi de trot sur un puis plusieurs cavaletti)

Les cercles plus larges sont plus faciles à gérer pour le cheval

  • Augmenter le nombre de barres: commencer avec une puis plusieurs (pour améliorer l’endurance musculaire).
  • Augmenter le nombre de répétitions (pour améliorer l’endurance musculaire).
  • Augmenter la hauteur des barres (pour augmenter la flexion articulaire et l’intensité, la coordination et l’exigence au niveau de la stabilité).
  • Passer à l‘allure supérieure (plus exigeant au niveau de la force etc.) – passer du pas au trot au galop avec les barres.
  • Modifier la disposition spatiale des barres – par exemple, des espacements irréguliers (ajoute un plus grand défi proprioceptif). Selon l’exercice et le cheval, des barres plus rapprochés ou plus espacés peuvent être plus difficiles pour le cheval
  • Ajouter des lignes courbes (versus ligne droite) ou des voltes (ajoute une flexion latérale à travers le corps, mettant au défi la stabilité de la colonne vertébrale et nécessitant une coordination plus complexe de la stabilité au niveau de la sangle thoracique et du bassin).
  • Augmenter l’effort musculaire (pour les membres) – par exemple, des barres montées (pour améliorer la force musculaire) versus le travail à pied.


Malgré tout le plaisir que l’on prend à entraîner le cheval et à le monter, il arrive un moment où il faut s’arrêter. Le cheval le signale généralement bien avant que le cavalier ne s’en rende compte. Et les signes sont souvent très clairs.

Avant d’en arriver là, les chevaux expriment leur épuisement souvent déjà de manière plus subtile

Vous entrez joyeusement dans le pré, mais le quadrupède s’éloigne immédiatement ? Peut-être en avez-vous simplement trop fait la veille. Bien sûr, son evitement peut avoir d’autres raisons, mais il n’est jamais inutile de faire son examen de conscience.

Les réactions aversives pendant le pansage et le sellage ne doivent pas non plus être ignorés, mais plutôt examinés. La chercheuse en comportement et biologiste Marlitt Wendt a cité une étude effrayante dans l’un de ses livres : selon cette étude, 95 % des chevaux montrent de l’inconfort et des comportements d’évitement pendant le pansage. Ce qui signifie également que seuls 5 % des chevaux apprécient le brossage et le pansage quotidiens.

Selon le caractère du cheval – plutôt calme ou plutôt fougueux – les réactions à un surmenage sont également différentes.

Et ce, indépendamment du fait que le surmenage se produise sous la selle ou lors du travail à pied.

  • Le représentant calme freinera peut-être plus facilement et se comportera en conséquence.
  • Le modèle fougueux tentera d’échapper au surmenage en fuyant en avant – jusqu’à l’emballement. Ceux qui interprètent cela comme un pur plaisir de courir se trompent malheureusement complètement.

Si votre cheval s‘appuie sur les rênes pendant le travail, cela peut être un signe de surmenage, tout comme le fait « d’arracher les rênes des mains » avec le désir d’allonger le cou et de le tendre vers le sol.

Si le cheval s’ébroue sans cesse, cela peut également être un signe de stress et de surmenage (contrairement à des ébrouements isolés qui peuvent être signe de détente).

Une respiration forte / bruyante et des soufflements, s’ils sont montrés en permanence, peuvent également être des signes. L’utilisation d’un cardiofréquencemètre est utile ici pour vérifier si le cheval travaille involontairement uniquement en zone anaérobie.

Si le cheval salive excessivement pendant la monte, ouvre la bouche ou grince même des dents, ces symptômes doivent également être interprétés comme un comportement de défense. La solution n’est bien sûr pas de serrer encore plus la muserolle ou le licol : cela « aide » seulement à masquer les symptômes. La cause, qui sont peut-être des mains de cavalier trop dures, n’est pas éliminée pour autant (cf. article sur la qualité du contact).

Si le cheval transpire principalement au niveau de l’encolure pendant le travail, cela peut aussi – vous vous en doutez – être un signe évident de stress et de surmenage. Si, en plus, la queue fouette constamment, le cheval signale également du stress.

Un autre signe de fatigue excessive est si le cheval trébuche pendant le travail – et que des raisons de santé peuvent être exclues.

Si votre cheval bâille même pendant le travail, c’est un signal d’alarme clair que vous devriez ralentir le rythme et accorder une pause au cheval. Déféquer pendant la monte est interprété comme un signe de détente. Mais là aussi, c’est la fréquence qui compte. Une ou deux défécations ne sont peut-être rien d’inhabituel, mais si le cheval défèque quatre ou cinq fois pendant une séance d’équitation, cela peut être un signal de stress. Et on peut être certain que c’est une réaction au stress si les crottins deviennent de plus en plus mous et aboutissent à une diarrhée.

« Savoir perdre du temps pour en gagner » : Dans le travail avec le cheval, les petits pas, c’est finalement peut-être ce qu’il y a de plus important ?

Si le quadrupède hennit souvent après ses congénères pendant le travail, une chose est sûre : il se sent seul dans la situation et pas assez en sécurité avec son cavalier. Là aussi, un travail de base et de confiance est d’abord nécessaire pour éviter un surmenage permanent. Si la base et la confiance sont solides, les «coins à fantômes » diminuent rapidement chez certains chevaux soi-disant effrayants.

Les ruades et cabrades répétés sont toujours un comportement de défense clair qui met également l’homme en danger. Ici, la recherche des causes est indispensable, car aucun cheval ne rue ou cabre sans raison. Si quelqu’un vous conseille de passer outre, « il doit s’y faire », souriez gentiment, accordez une pause à votre cheval et à cet entraîneur une « longue pause. »

En fin de compte, une chose est sûre : chacun de ces symptômes peut être un signe de stress et de surmenage – mais ce n’est pas forcément le cas. En fin de compte, chaque propriétaire de cheval et cavalier doit observer son cheval très attentivement et s’appuyer aussi sur sa connaissance de son cheval et du non-verbal de ce dernier. Mais en cas de doute, comme souvent : Less is more. (source: DressurStudien, traduit /adapté)


Bibliographie

A practical guide to exercise prescription in equine rehabilitation, Dean and Mathlin (2024), adapté

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