
Les objectifs du travail d’un physio de performance équine
- Maintien et amélioration de la locomotion, de la mobilité, de la coordination et de l’équilibre du cheval (détails)
- Amélioration du métabolisme et de la circulation sanguine
- Renforcement musculaire
- Amélioration de l’endurance
- Sensibilisation des personnes travaillant avec le cheval (une boiterie ou autre problème de santé à signaler au vétérinaire? équipement inadapté? sabots à montrer au maréchal / podologue? etc.), transfert de savoirs et de savoirs-faire pratiques (apprentissage d’étirements ciblés etc.), y compris a travers des ressources documentaires, exemples ici
- Soutenir et accompagner les traitements vétérinaires en cours, décharger le vétérinaire de tâches chronophages / à faible valeur ajoutée, par exemple en lien avec la réhabilitation
- Élaboration et mise en œuvre de programmes de rééducation: établir des programmes de rééducation personnalisés avec le vétérinaire et accompagner leur mise en oeuvre pour chaque cheval concerné afin d’optimiser sa remise en forme
- Améliorer et maintenir la qualité de vie du cheval âgé: Le masseur-physio peut améliorer considérablement la qualité de vie des chevaux âgés en augmentant la mobilité. Les chevaux, eux aussi, vieillissent et ont besoin de soins adaptés, y compris de massage-physio. Ici, l’objectif n’est pas d’améliorer, mais de préserver la mobilité et ainsi préserver les activités essentielles de la vie du cheval, telles que se nourrir, communiquer avec ses congénères, se rouler, se coucher et se relever. Les interventions en massage-physio et les mobilisations des articulations arthrosiques ne visent pas à améliorer l’apparence des radiographies, mais plutôt à améliorer le confort, à maintenir la mobilité dans les limites du possible et à éviter les compensations.
- Accompagner les éleveurs dans la préparation de jeunes chevaux et des poulinières, assister avec les équidés qui ne peuvent être destinés au marché (par exemple en cas de malformations, de problèmes de comportement*), pour leur assurer le meilleur avenir possible malgré les difficultés
- Ecuries de reconversion : accompagner et favoriser le changement de carrière du cheval, y compris sur le plan comportemental et psychique
- Programme d’entraînement, pour atteindre vos objectifs, en utilisant les meilleures pratiques de la physio de performance.
- Prévention
Les citations ci-dessous n’ont par pour objectif de cliver et de polariser l’ostéopathie d’un côté et la physio équine de l’autre. L’article ci-dessous a simplement pour but de clarifier les limites et les apports de chacun, dans un contexte de soins équins ou l’ostéopathie équine est possiblement surreprésentée et d’autres approches sont sous-représentées, par manque de transparence du marché. L’article ci-dessous cherche donc simplement à apporter de nouveaux points de vue, afin de permettre aux propriétaires de faire des choix avisés.
Eric Marlien et Renate Ettl: Les limites de l’ostéopathie et la place de la physiothérapie
Eric Marlien: limites et dogmes de l’ostéopathie

Contrairement à l’Allemagne et la Grande-Bretagne, en France le paysage des soins équins est largement marqué par l’ostéopathie équine (après la médecine vétérinaire), mais l’ouvrage de l’ostéopath Eric Marlien « Le système nerveux autonome – de la théorie polyvagale au développement psychosomatique – Applications thérapeutiques et ostéopathiques » énonce clairement les limites et met en garde contre certains dogmes (p. 188 et suivantes). L’ouvrage concerne l’humain mais les conclusions s’appliquent au domaine équin, car c’est sur les même bases théoriques que l’ostéopathie équine s’est constituée:
(…) »L’axiome du catechisme ostéopathique : la Structure gouverne la fonction, et (…) la fonction régit aussi la Structure, et vice versa indéfiniment. Selon l’angle à partir duquel on observe les choses. Il n’est plus possible d’affirmer aujourd’hui, comme A.T. Still l’a fait avec les connaissances disponibles a son époque, que la structure gouverne la fonction dans le sens où le blocage mécanique et la perte de mobilité seraient responsables de tous les maux. Tres tôt cette conception fut remise en question par J. Littlejohn qui voyait surtout une predominance de la physiologie et de la fonction.
Marlien précise la nature des lésions qui justifient de faire appel à l’ostéopathie, notamment les trauma, donc par exemple les chutes, accidents etc. : « Certes des atteintes primaires de la structure peuvent alterer la fonction, mais principalement en cas de traumatisme, séquelle chirurgicale ou infectieuse. Dans ces cas, la manipulation de la structure est la premiere chose à faire et est a meme de restaurer un fonctionnement normal. On pourrait y rattacher les cas ou la structure n’a pu se developper correctement et qui de fait n’autorisent pas une fonction normale (…).
Par exemple, la notion de dysfonction osteopathique dont le diagnostic et le traitement seraient le remède ä tous les maux. Comme si la disparité qualitative ou quantitative de mobilité d’une articulation était une cause en soi, et ne dépendait pas des modifications intrinsèques du système collagenique capsulo-ligamentaire, des modifications de tonus des muscles croisant l’articulation, des perturbations de tout le système proprioceptif ou encore des facteurs vasculaires! Heureusement certains ont commencé à enrichir la compréhension des dysfonctions et leur prise en charge. »
Renate Ettl – Thérapie manuelle équine plutôt qu’ostéothérapie

En Allemagne, les frontières entre ostéopathie et physiothérapie équine sont devenues floues, et l’un pratique et est souvent formé à l’autre. La véritable différence est entre « bon » et « mauvais » thérapeute, selon Ettl, qui enseigne tant l’ostéopathie que d’autres approches manuelles, physiothérapie, trigger points, fasciathérapie etc. et qui a publié un ouvrage sur la thérapie équine manuelle. Cet ouvrage parle tant d’ostéopathie que de physiothérapie équine (cf. ci-contre). Voici quelques extraits de son livre.
« Outre les techniques articulaires visant à lever les « blocages » articulaires, les pratiques sur les tissus mous, et en particulier les formes de traitement musculothérapeutiques, occupent une place importante dans la thérapie équine holistique.
Cela s’explique déjà par le simple fait que bien plus de 80 % des dysfonctions somatiques sont de nature musculaire.
Alors que la thérapie du système squelettique, et en particulier celle des « blocages » articulaires, bénéficie d’une grande acceptation, la thérapie du système myofascial chez le cheval est encore en développement. La thérapie musculaire est souvent assimilée à un massage de bien-être, auquel on attribue à tort une efficacité thérapeutique limitée.
Cependant, le système myofascial ne doit pas être négligé si l’on souhaite traiter le cheval de façon globale et holistique. Il occupe non seulement la même importance, mais même une importance encore plus grande dans le travail thérapeutique, car la cause des lésions se cache souvent dans le système myofascial. Au moins 80 % des dysfonctions constatées chez le cheval trouvent leur origine dans le système musculaire. Il n’est pas rare que des lésions des tissus mous, dues à des postures compensatoires et à des processus d’adaptation, provoquent des blocages articulaires. Une thérapie ne peut être durable que si le facteur déclenchant est identifié et traité. L’objectif du thérapeute consiste donc avant tout à rechercher la cause. Cela ne peut réussir que si l’ensemble du système corporel est examiné, sans se limiter au squelette et aux articulations, mais en incluant tous les tissus mous tels que les muscles, les tendons, les ligaments, les fascias, les nerfs, les vaisseaux lymphatiques et sanguins, ainsi que les viscères.
Plus de 80 % des lésions articulaires trouvent leur origine dans le système myofascial.
La musculature représente environ 40 % du poids total du corps. Ignorer le système musculaire serait déjà, à lui seul, une erreur fatale dans le travail thérapeutique. La thérapie musculaire ne consiste cependant pas uniquement en techniques de massage qui contribuent simplement au bien-être du cheval, mais peut, grâce à ses techniques ciblées, influencer positivement l’ensemble du système des tissus mous. Les stases sont résolues, les spasmes supprimés et la fonctionnalité des tissus améliorée ou restaurée. À cet effet, on utilise des gestes de massage spécifiques, mais aussi des techniques d’étirement, des traitements par points de pression et des procédés de relâchement. Il s’agit toujours d’actions mécaniques sur les tissus, d’une manière particulière, afin de dissoudre les dysfonctions.
Souvent, après le traitement du système musculaire, les blocages articulaires disparaissent déjà, sans qu’il soit nécessaire d’appliquer une mobilisation ou une technique HVLA (High Velocity Low Amplitude). (En Allemagne,) chez la plupart des ostéopathes, les techniques sur les tissus mous font partie intégrante de chaque traitement et sont généralement pratiquées avant toute technique articulaire. En revanche, de nombreux thérapeutes et vétérinaires pratiquant la chiropraxie renoncent souvent aux techniques musculaires, probablement parce qu’elles sont très fastidieuses et chronophages. Toutefois, si l’on souhaite que la thérapie soit durable, le traitement du système musculaire est indispensable. Sans avoir au préalable libéré la musculature, une manipulation peut de plus être contre-indiquée.
Les techniques sur les tissus mous, comme le massage classique, les étirements, la technique de relâchement myofascial et la thérapie des points « trigger », peuvent chacune être appliquées de manière autonome.
Un traitement des structures articulaires n’est pas absolument nécessaire pour une thérapie musculaire sûre et efficace. C’est pourquoi les thérapies myofasciales sont présentées ici de façon autonome dans cet ouvrage. En revanche, les techniques articulaires ne doivent en aucun cas être appliquées sans avoir préalablement traité les tissus mous. Elles doivent être intégrées dans le concept global.
Les bases de la discipline
Toute dysfonction, qu’elle soit provoquée par une blessure ou une mauvaise sollicitation, entraîne un processus d’adaptation qui prend souvent son origine dans le système neuromusculaire. Les tissus mous se raccourcissent, le corps adopte une posture de protection et réduit son amplitude de mouvement. Il en résulte des adhérences des tissus mous, des contractures et des raccourcissements musculaires.
Même après la guérison d’une blessure, les postures de protection et les processus d’adaptation liés à la maladie persistent. Les différentes techniques de thérapie musculaire permettent de restaurer les composantes physiologiques du mouvement et du métabolisme, mais elles soutiennent également les processus de réparation pendant la phase de blessure. Ces techniques vont bien au-delà d’un simple massage de bien-être. Outre le traitement musculaire par de nombreuses possibilités d’action, les structures fasciales, les vaisseaux lymphatiques et sanguins, les voies nerveuses, les ligaments et les tendons sont également influencés, soit de façon indirecte, soit de manière ciblée.
Performance
Les stratégies de thérapie musculaire contribuent non seulement à stimuler les processus de guérison, mais servent également à la prévention et à l’amélioration des performances. Ce dernier aspect est particulièrement intéressant pour le cheval de sport. Selon l’expérience, des gains de performance de 3 à 10 % sont possibles, ce qui peut faire la différence entre la victoire et la défaite lors d’une course ou d’un concours. Grâce à la capacité musculaire améliorée et soutenue manuellement, qui permet aux membres un mouvement d’amplitude supérieure de seulement quelques centimètres, un cheval de course peut, sur l’ensemble de ses foulées de galop, obtenir un avantage net d’une ou plusieurs longueurs de cheval. Le cheval de saut bénéficie d’une capacité de saut supérieure de quelques centimètres et peut ainsi éviter certains barres tombées.
Enfin, les mesures de thérapie musculaire offrent au cheval un entretien musculaire judicieux, qui prévient les tensions dès leur apparition, évite l’apparition de mauvaises postures et contribue ainsi grandement au maintien de la santé du cheval.
Principes générales de la thérapie
Ainsi, il existe certes un plan clairement structuré, mais celui-ci peut – et parfois doit – être adapté individuellement. Pour le bien du cheval, il est important d’agir en fonction de la situation. Les explications théoriques ne peuvent donc jamais remplacer la pratique.
Un principe important de la thérapie holistique des chevaux est le traitement de la musculature et des fascias avant toute mobilisation ou manipulation des articulations. Cela signifie qu’aucun traitement articulaire ne doit être effectué sans un entretien préalable des structures musculaires et fasciales. Le non-respect de cette règle peut entraîner, au mieux, des résultats thérapeutiques généralement seulement de courte durée, et au pire, des blessures.
Il y a plusieurs bonnes raisons à cela. Selon l’expérience, plus de 80 % des lésions chez le cheval sont de nature myofasciale. Le traitement des tissus mous élimine ainsi en amont la cause d’éventuelles restrictions articulaires secondaires. Si une musculature tendue, en raison de sa mauvaise tension, est à l’origine d’un blocage articulaire, ce dernier disparaîtra souvent de lui-même après la levée de la restriction musculaire.
Si l’on traitait uniquement le blocage articulaire, le succès thérapeutique serait incertain, car les muscles encore tendus et les fascias adhérents continueraient d’exercer une traction inadéquate sur les surfaces articulaires. Il en résulte donc les possibilités suivantes : soit la restriction ne peut pas être levée, soit le résultat thérapeutique n’est que de courte durée. En fin de compte, il existe aussi un risque de blessures telles que des déchirures musculaires, ainsi que des élongations et des surétirements des tissus mous.
Certes, le type de blocage peut être identifié en évaluant le caractère de la butée articulaire lors des tests articulaires, mais il arrive souvent qu’une sensation de « vide » apparaisse, ce qui rend l’évaluation de la restriction peu claire. Une sensation de vide survient fréquemment à cause d’une douleur musculaire due à des muscles tendus. Ces douleurs peuvent être évitées si le thérapeute commence par traiter la musculature ou si un physiothérapeute voit le cheval peu de temps avant le rdv et traite ces problèmes musculaires.
80% des lésions de l’équidé ont leur origine dans le système myo-fascial (muscles et fascias).«
(pp. 17 et suivantes, 88 et svt. et 191 et svt.).
A propos: Les convictions qui fondent le travail d’Equine Mind Body et quelques études de cas: ici.
Mon travail est supervisé par une vétérinaire pratiquant l’ostéopathie et la physiothérapie équine.
* Ma formation complémentaire en psychologie équine me permet d’intervenir sur ces aspects