Cas « tremblement » du membre antérieur et boiterie

Ce cas permet d’illustrer la complexité du travail avec le cheval, sujet non verbal qui, en tant qu’animal de proie, cache longtemps son inconfort / ses douleurs. Par conséquent on travaille avec les compensations: on dit que la lésion visible est déjà la lésion secondaire, voire tertiaire. Ce qui montre bien l’impératif de penser et de travailler les cas de manière holistique et multidisciplinaire dans ce métier.

Dans le cas qui suit (externe, cf. partie Ressource) on voit bien la réaction en chaîne qui provoque le symptôme et que le symptôme lui même n’est que le dernier maillon de la chaine « cause-conséquence ».

1ère illustration à gauche: le carpus est plié en avant. Selon les cas cela peut se résorber avec la thérapie et un changement du travail justement, ou pas / difficilement

Le propriétaire du cheval a pris contact en déclarant que son cheval se mettait soudainement à trembler. La météo était chaude, ce qui a permis d’exclure d’emblée, déjà lors de la conversation téléphonique, l’hypothèse la plus « probable » en apparence, à savoir “avoir froid”. L’anamnèse a montré que les tremblements n’apparaissaient qu’au niveau des membres antérieurs. Lors de l’inspection, il a été remarqué que le cheval se tenait avec l’articulation carpienne (ou carpus / faussement appelé le « genou de l’antérieur ») plié en avant (l’articulation n’est pas parfaitement droite, cf. illustration ci-contre). L’analyse de la démarche a révélé une boiterie d’appui du membre antérieur gauche. Les tests palpatoires ont montré une lésion en flexion de l’articulation du sabot.

L’ensemble du bilan, y compris avec le vétérinaire, n’a d’abord pas permis d’obtenir de résultat exploitable car aucun examen d’imagerie (radiographie) n’a révélé de blessure. Néanmoins, une douleur a pu être localisée au niveau du sabot, ce qui a orienté la suspicion vers une inflammation débutante de l’articulation du sabot ou du système naviculaire. Le test ostéopathique pour l’os naviculaire était également positif.

Les mesures antalgiques réalisées par le vétérinaire ainsi que le traitement en thérapie manuelle de l’articulation du sabot ont certes permis une amélioration de la boiterie, mais la protection du membre (boiterie) est restée présente à long terme.

Chaque thérapeute et propriétaire doit avoir conscience qu’il ne s’agit ici que de la symptomatologie, donc de l’extrémité de la chaîne cause-conséquence. Pour maîtriser la boiterie sur le long terme et éviter des complications, il fallait trouver le commencement de cette chaîne.

Une observation du déroulement de la chaîne cause-conséquence est apparue lors de l’inspection : d’abord les tremblements de l’avant-main, puis la posture en avant du carpus. Lorsque le complexe podotrochléaire est soumis à une pression, le muscle fléchisseur profond du doigt ou perforant (M. flexor digitorum profundus) doit être fortement sollicité. Si ce muscle est tendu et raccourci, il exerce une pression excessive sur l’os naviculaire et donc sur la bourse podotrochléaire.

Le traitement de l’ensemble du muscle fléchisseur profond du doigt / perforé a permis de corriger la posture en avant et de faire disparaître les tremblements. Ces tremblements indiquaient une surcharge musculaire, tandis que la posture en avant provenait du raccourcissement du complexe musculaire.

En poursuivant l’examen, un triceps brachial contracté (au dessus du coude, cf ci-contre) a été retrouvé, exerçant une traction sur l’olécrane (coude) et compliquant ainsi le travail du muscle brachio-céphalique (bas de l’encolure, cf. ci-contre) pour amener le membre antérieur vers l’avant (diminution de l’amplitude).

En réalité, c’est le brachio-céphalique contracté qui a déclenché la tension (« antagonisme musculaire ») excessive du triceps brachial. Mais d’où venait la contracture du brachio-céphalique ?

L’observation du cheval monté a apporté la réponse : la cause était le cavalier qui exerçait, inconsciemment, une traction constante et excessive sur la rêne. Le cheval tentait de résister à cette traction, ce qui a provoqué les tensions musculaires et ainsi déclenché toute la réaction en chaîne.

Fait intéressant, le cheval n’acceptait que difficilement d’être touché aux oreilles, mais ne montrait aucun signe de douleur dans la région de la nuque.

  • Une mesure temporaire a été de le monter avec une embouchure sans mors afin de retirer d’abord la pression sur la bouche.
  • Sur le long terme, un travail intensif sur la main du cavalier a été mis en place.

Après la résolution des tensions de toute la chaîne musculaire et l’élimination des restrictions apparues au niveau de l’articulation atlanto-occipitale, de C3/C4 et de C7/Th1 (c’est à dire au niveau de la nuque, du milieu de l’encolure, et de l’articulation cervico-thoracale), ainsi que la suppression de l’élément déclencheur (mauvaise action de la main), la boiterie a disparu complètement en peu de temps et ne s’est plus manifestée sur le long terme.

Ressources

Comment améliorer le contact?

Renate Ettl « Manuelle Pferdetherapie » p.113

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